Regards croisés entre…
Publié le 25/07/2024
Herveline Gaborieau, Directrice générale de France Energies Marines
Ronan Stephan, Président de France Energies Marines
Cette interview a été réalisée dans le cadre de la réalisation du rapport d’activité 2023 de notre France Energies Marines.
Que retenez-vous de l’année 2023 ?
Herveline Gaborieau : L’année 2023 a été marquée par la reprise du mât de mesures au large de Fécamp, un véritable atout pour développer des programmes de R&D de grande envergure. Dès son acquisition, nous y avons adossé un programme de recherche d’ampleur baptisé DRACCAR rassemblant plusieurs projets couvrant six thématiques allant du comportement de la structure au suivi de la mégafaune marine. Sur ce dernier sujet, le projet DRACCAR-MMERMAID met en œuvre une démarche très innovante qui rassemble un nombre conséquent de partenaires académiques, PME et grands groupes industriels. L’Institut prend tout son sens dans des projets tels que celui-ci. Plusieurs changements majeurs sont aussi venus renforcer l’organisation interne de l’Institut. Ronan Stephan est arrivé en tant que nouveau Président en septembre, et Ludovic Noblet nous a rejoint en tant que Directeur du développement et de la valorisation pour prendre en main et dynamiser le transfert industriel. Cela conforte le pont que nous bâtissons entre la recherche et l’industrie. Notre équipe s’est également étoffée, tout en gardant son dynamisme et son engagement quotidien dans les projets que nous portons.
Ronan Stephan : Herveline a également été nommée Directrice générale début 2023, après avoir occupé la fonction de Directrice adjointe. L’Institut s’est renforcé aussi grâce à l’accueil de quatre nouveaux membres importants : Iberdrola, l’Alliance Sorbonne Université, Océanide et l’Ecole centrale de Nantes. On ne peut que constater que la notoriété de l’Institut est allée croissante ces dernières années et, en 2023, France Energies Marines peut véritablement être considérée comme une organisation de référence sur le plan européen. L’Institut s’affirme vraiment comme le lieu de rencontre, de débat et de construction de projets entre le monde de l’industrie, des pouvoirs publics et de la recherche. Nous nous efforçons de capitaliser sur cette reconnaissance pour concrétiser nos ambitions pour la filière.
Comment voyez-vous l’année 2024 ?
Herveline Gaborieau : Quelques échéances majeures nous attendent, la plus importante étant à nos yeux le reconventionnement de l’Institut avec l’Etat pour la période 2025-2030. Elle intervient dans un contexte qui n’est pas si simple avec une filière de l’éolien en mer qui se questionne face aux difficultés qu’elle rencontre. Celles-ci montrent bien que des actions de R&D sont indispensables en particulier sur l’éolien flottant. Cette filière s’est développée en France et peut trouver sa place en France si l’on se donne les moyens d’y arriver.
Ronan Stephan : Les objectifs de déploiement à l’échelle nationale, a fortiori européenne, sont très ambitieux, mais le cadencement des décisions et des financements ne suit pas le même rythme. De fortes tensions existent aussi sur le plan des matières premières, des composants, des navires d’installation… Il y a donc un vrai besoin d’innover, notamment en matière d’architectures des parcs et de dimensionnement des machines, pour redonner du souffle au secteur et s’assurer de produire de l’électricité à un coût acceptable. En étant à la croisée des différents acteurs, France Energies Marines va avoir un rôle très important à jouer.
Herveline Gaborieau : 2024, c’est aussi l’année du débat public sur la mer. Ce qui en sort montre bien la nécessité d’avoir davantage de connaissances, notamment sur les effets environnementaux et socio-économiques des parcs, à long terme et à l’échelle des façades maritimes. L’étude de ces effets est au cœur de la feuille de route de l’Institut et nous développons des outils pour apporter des réponses, notamment par l’approche écosystémique que nous consolidons depuis 2015. Cette dernière permet d’évaluer les effets globaux des parcs, tout en intégrant les autres activités anthropiques en mer.
Où en sera l’Institut en 2030 selon vous ?
Herveline Gaborieau : Je pense qu’aujourd’hui France Energies Marines a amorcé un virage pour continuer à porter une action importante de R&D pour la filière en accompagnant toute sa chaîne de valeur. Nous nous dotons d’infrastructures telles que le mât de Fécamp pour donner aux différentes parties prenantes les moyens de tester le matériel et de le fiabiliser dans des conditions représentatives des contraintes rencontrées en mer.
Ronan Stephan : On le sait, les objectifs globaux à l’international sont extrêmement ambitieux pour 2030 en ce qui concerne l’éolien. Objectivement, nous ne sommes pas en train de les tenir. Nous devons apporter des éléments de conviction en devenant encore davantage une force de proposition pour coordonner la recherche et l’expérimentation, y compris sur des sujets qui s’éloignent un peu de nos domaines de prédilection. Nous en avons la crédibilité. C’est aussi grâce à la qualité de nos partenariats que nous saurons rassembler et coordonner des actions véritablement décisives pour la filière.
Herveline Gaborieau : Aujourd’hui, nous structurons nos partenariats avec nos membres historiques mais également avec d’autres instituts de recherche pour avoir une réponse globale à apporter à la filière sur l’ensemble des enjeux de R&D.
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Crédit photo : Sylvain Coulaud