Comment les poissons et crustacés fréquentent-ils les parcs éoliens en mer ?

France Energies Marines réalise actuellement un suivi de poissons et crustacés sur des sites de parcs éoliens offshore en Manche, en Atlantique et en Méditerranée. Les déplacements de plusieurs centaines d’individus marqués sont enregistrés grâce à un réseau de télémétrie acoustique déployé dans le cadre des projets FISH INTEL et FISHOWF. Le déploiement de cette technologie à grande échelle dans des parcs éoliens en mer opérationnels ou en construction constitue une première et a été rendu possible grâce à une collaboration étroite avec de nombreux partenaires. Les données collectées permettront d’identifier les habitats d’importance dans ces zones à forts enjeux et de mieux évaluer les effets potentiels des parcs sur les peuplements de poissons et crustacés.

Bars, lieus jaunes, langoustes, homards et plusieurs espèces de raies et requins sont actuellement suivis par télémétrie acoustique dans des sites éoliens en mer. Cet effort de recherche est mené dans le cadre du projet Interreg trans-Manche FISH INTEL et du projet FISHOWF par France Energies Marines en étroite collaboration avec les partenaires impliqués (voir plus bas). Chaque poisson ou crustacé suivi est équipé d’une marque émettant une signature acoustique unique. Ce signal est identifié et enregistré par un récepteur lorsque le poisson ou le crustacé passe à proximité du dispositif. Grâce à un réseau de récepteurs, il est ainsi possible de reconstruire les trajectoires des individus. Appelée télémétrie acoustique, cette technique de plus en plus utilisée permet de suivre efficacement les déplacements d’organismes marins mobiles. 

Des recherches inédites dans les parcs éoliens en mer

Depuis le printemps 2022, une quarantaine de récepteurs acoustiques ont été déployés au sein des parcs éoliens en mer situés au large de Saint-Brieuc (en construction), Courseulles-sur-Mer (en construction) et Saint-Nazaire (en exploitation) avec la collaboration d’Ailes Marines, d’EDF Renouvelables et des comités des pêches des Côtes d’Armor, de Normandie et des pays de Loire. C’est la première fois en France qu’un réseau de télémétrie acoustique opérationnel de cette ampleur est déployé en milieu ouvert côtier dans des zones d’énergies marines renouvelables. L’Ifremer et France Energies Marines (avec l’appui du Muséum national d’histoire naturelle et de l’Association pour l’étude et la conservation des sélaciens) ont réalisé un important effort de marquage et une dizaine d’espèces sont actuellement suivies dont des espèces de raies et requins encore très peu étudiées à ce jour. Placés sous l’eau, les récepteurs en place peuvent ainsi détecter et enregistrer les déplacements de l’ensemble des 400 poissons et plusieurs dizaines de langoustes et homards actuellement marqués. Après 5 mois d’enregistrement, une première relève des récepteurs a été effectuée en mer pour récupérer les données stockées dans chaque dispositif. Celles-ci montrent déjà de nombreuses détections et sont en cours d’analyse. Elles permettront d’en savoir plus sur les habitats d’importance et la fréquentation des poissons et crustacés au sein de parcs éoliens en mer à différentes phases de leur cycle de vie (développement, construction, exploitation) et fourniront une base de connaissance étoffée pour mieux comprendre les effets des parcs sur des espèces marines mobiles.

Des bars (loups) et requins peau-bleue suivis en Méditerranée

En Méditerranée, où des projets de parcs d’éoliennes flottantes sont prévus, deux bouées d’observation de l’environnement marin ont été équipées de récepteurs de télémétrie acoustique dans le cadre du projet FISHOWF : la bouée BoB, située au large de Leucate, et la bouée MEMOFLOW, située sur le site d’essais MISTRAL au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône. En association avec les réseaux de télémétrie CONNECT-MED et RES-MED déployés le long du golfe du Lion, ces bouées visent à enregistrer les déplacements de plusieurs espèces de poissons hautement mobiles telles que le bar (appelé localement le loup) et le requin peau-bleue. Les données collectées permettront de mieux comprendre l’influence de structures flottantes sur le comportement d’espèces pélagiques évoluant entre la surface et le fond.

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Crédit photo (bandeau) : Remy Dubas / Ecocean