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3 questions à Maxime Thiébaut

Maxime Thiébaut est chercheur en analyse de données météo-océaniques chez France Energies Marines. À l’occasion de la préparation de notre rapport d’activité, nous l’avons interviewé au sujet de ses travaux de recherche sur la turbulence atmosphérique..

Sur quelles thématiques travaillez-vous au sein de l’Institut ?

Initialement, mes travaux portaient plutôt sur la turbulence océanique. Le marché des énergies marines renouvelables s’étant réorienté vers l’éolien offshore, je me focalise maintenant sur la turbulence atmosphérique. La théorie reste la même, car l’eau et l’air sont des fluides, par contre il m’a fallu acquérir des compétences en matière d’instrumentation. L’objectif de notre recherche est de fournir aux développeurs de parcs des informations fiables et précises sur l’intensité de turbulence au niveau des sites concernés afin d’optimiser le dimensionnement et la disposition des éoliennes. Ces informations sont obtenues à partir de mesures de terrain de référence réalisées avec un anémomètre. Or, cet instrument, déployé sur des mâts de mesures, est peu adapté à des sites offshores situés loin des côtes. L’utilisation de dispositifs de télédétection comme les lidars est prometteuse, mais nécessite encore des développements. C’était tout l’objet du projet de recherche POWSEIDOM qui s’est achevé en avril dernier.

Quels ont été les temps forts du projet POWSEIDOM ?

Dans le cadre de ce projet, nous avons déployé un lidar sur l’île de Planier située en Méditerranée. Nous avons pu challenger la technologie du
WindCube profiler développée par la société Vaisala, partenaire de POWSEIDOM, afin d’augmenter la précision des mesures de turbulence. Nous avons également constitué une base de données inédite à partir de mesures acquises pendant un an qui ont ensuite été post-traitées avec des outils que nous avons conçus. Elle comporte plusieurs informations clés pour les industriels, à savoir l’intensité de turbulence, la direction et la vitesse moyenne du vent, et les courants-jets de faible altitude (low level jets). L’objectif final étant de pouvoir réaliser des mesures en mer avec un lidar placé sur une bouée, nous avons développé un algorithme préliminaire de compensation de mouvement basé sur une approche spectrale innovante. L’étape de validation de ce dernier sera réalisée à l’occasion du projet DRACCAR-NEMO que nous co-pilotons avec l’institut allemand Fraunhofer IWES et qui a été lancé en novembre 2023, dans la continuité de POWSEIDOM.

En quoi la collaboration avec l’institut Fraunhofer IWES est-elle une réelle plus-value ?

Il s’agit d’un institut internationalement reconnu dans le domaine de l’éolien. Le Fraunhoher IWES va nous fournir un jeu de données acquises en mer du Nord qui nous permettra de valider l’algorithme évoqué précédemment. Plus largement, le projet vise à développer conjointement une nouvelle méthodologie combinant mesures de lidars et modélisation afin de produire une représentation spatio-temporelle de l’intensité de turbulence qui soit précise et fiable. C’est une collaboration bénéfique pour nos deux instituts. Autre plus-value, le Fraunhoher IWES étant très impliqué dans les processus de certification, ce sera un bel atout pour les outils qui seront développés dans le cadre du projet.

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Crédit photo : France Energies Marines

Écran en superposition fermé pour la recherche