3 questions à Maud Quéroué

Maud Quéroué est chercheuse postdoctorale sur le développement d’outils d’intercalibration pour la surveillance aérienne de la mégafaune marine au sein de France Energies Marines et du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive. Nous l’avons interviewée sur le projet OWFSOMM dans le cadre du rapport d’activité 2022 de notre Institut.

En quoi consiste le projet OWFSOMM et quel est votre rôle ? 

L’un des lots du projet – celui sur lequel je travaille – vise à standardiser différentes méthodes et techniques qui serviront à évaluer les impacts des parcs éoliens en mer sur la mégafaune marine dont font partie les oiseaux, tortues et mammifères marins, les requins, ainsi que les gros poissons comme les thons. Dans le cadre de mon postdoctorat, je me concentre sur les suivis aériens de cette mégafaune. Deux méthodes existent actuellement : les suivis historiques dits visuels réalisés par des observateurs à bord d’un avion, et les suivis dits digitaux qui se font au moyen d’un système d’acquisition d’images ou de vidéos haute-définition. Les suivis visuels se font à une altitude qui n’est pas compatible avec les conditions de sécurité en vigueur dans les parcs. Ce sont donc les suivis digitaux qui seront utilisés pour y suivre la mégafaune depuis une plus haute altitude. Mon travail consiste à vérifier la comparabilité des deux méthodes. Autrement dit, obtient-on les même résultats de suivi lorsque l’on utilise simultanément un avion avec des observateurs et un avion avec des appareils photos ?

Comment procédez-vous pour répondre à cette question ?

Nous travaillons sur trois sites de parcs éoliens en mer (Fécamp, Courseulles-sur-mer et Dieppe – Le Tréport) et deux sites de prospection (A04 et A05). Pour chacun des sites, plusieurs campagnes aériennes ont été réalisées en faisant voler deux avions simultanément pour assurer un suivi visuel et digital. Les suivis digitaux étant relativement nouveaux : il n’y avait pas de protocole très clair sur la manière d’organiser les données recueillies. La première étape du projet a donc consisté à se mettre d’accord avec l’ensemble des partenaires sur le format de données que nous attendions en fonction de nos besoins, ce qui a été un défi en soi ! Cela fait, je peux analyser des jeux de données issus de suivis visuels et de suivis digitaux, estimer l’abondance des individus et leur distribution sur la zone d’étude pour chacune des méthodes et enfin comparer les résultats obtenus. Se questionner sur l’impact de ce changement de méthode sur les suivis est primordial pour pouvoir ensuite observer des tendances fiables.

Quels sont les avantages et inconvénients des suivis digitaux qui seront utilisés dans les parcs ?

Ils permettent de connaître précisément les positions des individus, les effectifs des groupes d’animaux et de pouvoir prendre le temps d’identifier les espèces a posteriori. Cependant, l’analyse des images est très coûteuse en temps et chaque campagne aérienne produit des milliers d’images. A ce titre, les observations visuelles sont plus efficaces car la donnée est disponible et exploitable immédiatement. Toutefois, dans le futur, il est tout à fait concevable que les progrès de l’intelligence artificielle et l’amélioration de la qualité des photos nous permettent d’analyser automatiquement les images et de gagner ainsi énormément de temps dans leur traitement. C’est notamment l’objet d’étude du projet SEMMACAPE.

Lire l’intégralité de notre rapport d’activité 2022

Crédit Photo : Maud Quéroué

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