3 questions à Ludovic Noblet
Publié le 30/07/2024
Ludovic Noblet est Directeur du Développement et de la Valorisation chez France Energies Marines. À l’occasion de la préparation de notre rapport d’activité, nous l’avons interviewé à propos du nouveau plan stratégique de l’Institut.
Dans quel contexte intervient l’élaboration du nouveau plan stratégique de l’Institut ?
Il est lié au reconventionnement de l’Institut à travers une feuille de route stratégique 2025-2030 contractualisée avec l’État. Ce dernier a fixé, pour les 15 instituts pour la transition énergétique et instituts de recherche technologique, une trajectoire claire concernant leur modèle de financement qui doit respecter l’équilibre suivant : 1/3 d’investissement du secteur privé, 1/3 d’abondement à travers le plan d’investissement France 2030, et 1/3 de ressources générées en propre. Ces dernières incluent des revenus développés par du transfert industriel de savoir-faire, d’outils et/ou de technologies issus de nos programmes de R&D. In fine, la trajectoire qui nous est demandée implique le développement de nos capacités d’innovation, au-delà de celles déjà reconnues sur le plan scientifique. Il s’agit d’un point important du développement de France Energies Marines qui a guidé une grande part de notre réflexion concernant l’élaboration du nouveau plan stratégique.
Comment avez-vous procédé pour l’élaborer ?
Nous nous sommes focalisés sur les enjeux de la filière de l’éolien en mer. Qu’ils soient de nature environnementale, socio-économique, industrielle ou technologique, ils sont clés pour dérisquer la mise en œuvre de l’ambition nationale et la rendre effective : 18 GW installés en 2035 et 45 GW en 2050. Plus que jamais, les acteurs du secteur vont avoir besoin de connaissances, assorties de données qualifiées en conditions opérationnelles, et d’outils pour les exploiter. Les impératifs d’échelle – nationale, européenne et globale – impliquent des efforts importants afin d’accélérer le développement de standards. La maîtrise des coûts, en particulier ceux associés au maintien en conditions opérationnelles, est un enjeu majeur de viabilité économique pour l’éolien flottant. Avec nos investisseurs, nous avons réajusté la vision et l’ambition de France Energies Marines à horizon 2030. Cela nous a permis de clarifier notre mission et de mettre en exergue nos caractéristiques différenciantes. Voilà ce qui constitue l’ossature de notre nouveau plan stratégique.
Quelles en sont les grandes lignes ?
Le document décrit une organisation de l’Institut permettant encore plus de proximité avec la filière, en particulier avec les PME et ETI qui sont essentielles, compte-tenu des exigences de contenu local et du potentiel de développement économique que représente l’éolien en mer. Si notre socle reste une R&D d’excellence menée avec une équipe multidisciplinaire et des infrastructures en mer, nous allons accroître notre capacité d’accompagnement en matière d’innovation. Cela passe par le développement de notre capacité à comprendre le marché et les dynamiques associées. L’outillage numérique va, par exemple, jouer un rôle de plus en plus important. L’Institut a développé une expérience solide en matière de jumeaux numériques et de modélisation. Nous allons donc mettre l’accent sur le transfert d’outils logiciels pour le suivi en service appliqué à la maitrise des coûts d’opération et de maintenance, et la modélisation écosystémique concernant le cumul d’impacts. Cette volonté implique de nous doter de ressources d’ingénierie supplémentaires. Enfin, nous voulons renforcer notre capacité à accompagner les besoins d’innovation des entreprises en leur permettant de réaliser des tests en conditions opérationnelles grâce à nos infrastructures en mer. Accéder à de tels moyens constitue souvent une barrière vers le marché pour les startups, PME et ETI. Nous ferons en sorte d’y remédier, notamment en cultivant des synergies avec d’autres acteurs comme la Fondation OPEN-C.