3 questions à Laure Civier
Publié le 28/08/2024
Laure Civier est ingénieure R&D en ancrages innovants pour l’éolien flottant à France Energies Marines. Dans le cadre de notre rapport d’activité, nous l’avons interviewée sur ses travaux d’expérimentation et de modélisation des cordages en polyamide.
En quoi consiste le projet BAMOS ?
Le projet BAMOS s’inscrit dans la continuité des projets POLYAMOOR et MONAMOOR. Il vise à améliorer la conception et le suivi des phénomènes
de dégradation des lignes d’ancrage en nylon, afin de garantir leur fiabilité et leur durabilité dans des applications offshores à long terme. Historiquement, les lignes d’ancrage en nylon étaient utilisées à court terme, généralement sur une durée de deux à trois ans. Le passage à des applications à long terme, comme l’ancrage d’éoliennes flottantes, nécessite une évaluation rigoureuse de leur durabilité sur une période d’au moins 20 ans. Jusqu’à présent, aucune étude n’a validé une telle longévité pour les cordages en nylon. Le projet BAMOS a pour objectif d’améliorer les modèles existants, développé dans les projets précédents, permettant de mieux appréhender les comportements des nouvelles lignes d’ancrage. Il comprend un modèle 1D pour le dimensionnement et un modèle 3D permettant une analyse approfondie des mécanismes de dégradation. Ce travail inclut la réalisation d’essais en laboratoire et le traitement des données expérimentales pour proposer des critères de fatigue adaptés au matériau.
Quels sont les résultats attendus par les industriels ?
Les industriels attendent avant tout les améliorations et les nouvelles identifications de la loi 1D, qui a été développée et validée une première fois avec des essais en mer. Cela permettra d’avoir une nouvelle loi de comportement plus complète pour modéliser le nylon lors des phases de dimensionnement. Concernant le modèle 3D, ils souhaitent obtenir un modèle capable de représenter fidèlement la réponse d’une architecture. Cela leur permettra d’optimiser plus efficacement leurs constructions et de développer des capteurs adaptés au suivi en service de ces cordages architecturés. Une autre attente majeure des partenaires industriels est la validation de la durée de vie en fatigue. Ils attendent que nous proposions un critère de fatigue plus adapté, facilitant ainsi le dimensionnement des structures. Cette compréhension de la durée de vie en fatigue est cruciale pour proposer un critère de dimensionnement adéquat, qui prend en compte les propriétés complexes visco-élasto-plastiques du matériau. Enfin, les essais en mer, réalisés grâce au démonstrateur MONABIOP, suscitent un grand intérêt. L’étude des propriétés mécaniques des lignes d’ancrage après usage est particulièrement attendue car elle fournira des informations précieuses sur la durabilité et la performance des matériaux en conditions réelles.
Qu’est-ce qui te passionne le plus dans ce projet ?
Plusieurs aspects me passionnent. Tout d’abord, l’opportunité d’encadrer une doctorante est une expérience très motivante pour moi. Ayant moi-même mené ma thèse dans le cadre du projet MONAMOOR, c’est très intéressant de changer de point de vue, tout en restant dans la continuité de mes recherches. La partie expérimentale du projet me passionne également. J’ai la chance de pouvoir mener des essais, analyser les données et proposer des solutions concrètes pour l’application finale, notamment en ce qui concerne les critères de dimensionnement. De plus, j’ai la chance de pouvoir mener une campagne expérimentale sur des échantillons qui ont été utilisés sur des essais en mer, c’est une opportunité très rare et précieuse.
Crédit photo : France Energies Marines