3 questions à Jean-Sébastien Verjut
Publié le 13/08/2024
Jean-Sébastien Verjut est Ingénieur de recherche en systèmes d’ancrage et opérations marines chez France Energies Marines. À l’occasion de la préparation de notre rapport d’activité, nous l’avons interviewé au sujet du démonstrateur MONABIOP.
À quoi sert le démonstrateur MONABIOP ?
Ce démonstrateur représente un investissement significatif pour France Energies Marines et offre une plateforme précieuse pour tester en mer des composants de lignes d’ancrage et des instruments de suivi en service des ancrages en polyamide. Il se présente sous la forme d’une bouée de 7 tonnes, équipée d’un ancrage hybride chaîne-nylon semi-tendu et de plusieurs capteurs de tension et d’élongation. Il permet, à échelle réduite, d’être représentatif des efforts moyens et dynamiques générés par une éolienne flottante. Il est également conçu pour étudier la cinétique de colonisation des lignes en polyamide par des organismes vivants (algues, mollusques…) et l’influence de l’élongation sur ce processus.
Quel est le caractère innovant du démonstrateur ?
Au-delà de l’utilisation de cordages en nylon pour son système d’ancrage, l’innovation réside dans son système de suivi en service avancé qui permet non seulement de mesurer la tension et l’élongation des cordages, mais aussi de valider et de qualifier de nouveaux capteurs. Ce système offre une redondance avec deux capteurs de tension sur chaque ligne équipée de segments polyamide. L’une des avancées les plus remarquables concerne les capteurs d’élongation innovants développés par l’Ifremer. Leur mise au point a été particulièrement complexe, nécessitant la création de systèmes d’accroche spéciaux pour mesurer l’élongation sur des cordages sujets au glissement de couches. Grâce aux capteurs d’élongation à fil, des mesures précises ont été obtenues, même à des tensions élevées. Le démonstrateur a également permis d’éprouver en mer une autre technologie innovante de capteur d’élongation basée sur l’émission et la réception d’ultrasons. Les mesures d’élongation du cordage par ce capteur, installés sur l’une des lignes d’ancrage, ont été validées par comparaison avec le capteur d’élongation à fil. Enfin, un troisième type de capteur, encore à l’étape de prototype, se situe à l’intérieur des cordages nylon, mesurant la pression entre les torons lorsque le cordage est tendu.
Quels sont les principaux résultats obtenus jusqu’à présent ?
Les premiers résultats sont prometteurs et ouvrent la voie à des avancées significatives dans la conception et l’opération des futurs parcs éoliens flottants. Ils amènent une meilleure compréhension du comportement et des facteurs de dégradation des cordages en nylon, et le développement d’outils de suivi fiables. Les essais ont permis de valider avec succès la possibilité d’utiliser des capteurs innovants d’élongation et de tension en conditions offshores, ce qui constitue une étape majeure dans l’amélioration de la fiabilité des mesures en milieu marin. Les résultats des simulations numériques sont très encourageants car ils confirment la pertinence de la loi de comportement 1D établie précédemment pour les cordages en nylon (Projet de recherche POLYAMOOR, 2017-2020). La comparaison des mesures de tension et d’élongation avec les résultats issus d’un modèle développé par notre équipe a démontré une corrélation très satisfaisante. Ces avancées joueront un rôle crucial quant à la fiabilité et à la durabilité des ancrages synthétiques destinés aux futurs parcs éoliens flottants.