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3 questions à Dominique Clorennec

Dominique Clorennec est responsable scientifique de Quiet Oceans, bureau d’étude spécialisée sur la thématique du bruit sous-marin. Dans le cadre de notre rapport d’activité, nous l’avons interviewé sur l’implication de Quiet Oceans dans le projet DRACCAR-MMERMAID.

Qu’est-ce que Quiet Oceans ?

Quiet Oceans est un bureau d’étude environnemental créé en 2010. Sa mission est d’évaluer les effets du bruit sous-marin sur la faune marine, et de proposer des mesures de réduction de ce bruit. Cette nuisance est engendrée par des activités humaines telles que les travaux et le trafic maritimes. Quiet Oceans intervient en amont des projets lors des études d’impact et des états initiaux environnementaux, puis en phase de construction pour suivre et appliquer les règles de chantier afin de réduire ou d’éviter le risque acoustique, et enfin en phase d’exploitation. Nous utilisons des systèmes de contrôle du bruit et de détection de la présence des mammifères marins. À cela s’ajoutent d’autres thématiques de travail, qui portent notamment sur la mise en œuvre de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin concernant l’évaluation des niveaux sonores dans les eaux territoriales. Quiet Oceans a par exemple développé une plateforme en ligne de cartographie et de prédiction du bruit sous-marin, baptisée Quonops Online Services, pour répondre aux besoins des services de l’Etat et des industriels.

Quel rôle jouez-vous dans le projet DRACCAR-MMERMAID dont vous êtes partenaires ?

Notre premier rôle est d’apporter notre expertise en matière d’acquisition de données de bruit sous-marin au niveau du mât de mesure de Fécamp, à proximité duquel plusieurs hydrophones sont déployés. En acoustique passive, obtenir un son de bonne qualité n’est pas forcément évident. Beaucoup de sons peuvent parasiter le signal et ainsi masquer les informations utiles. Il est donc très important de bien maîtriser la chaîne d’acquisition et l’environnement dans lequel le système est déployé, de façon à pouvoir capter l’ensemble du chorus sonore, des basses fréquences des navires et des baleines, aux hautes fréquences des marsouins. Notre second rôle est de fournir une cartographie statistique du bruit à l’échelle de la Manche en incluant la contribution environnementale (vent, vagues), le trafic maritime et les parcs éoliens en phase d’exploitation. Cette donnée de bruit sous-marin est intégrée dans un modèle écosystémique développé dans le cadre du projet, qui permettra d’évaluer les effets cumulés à l’échelle d’une façade sur le fonctionnement de l’écosystème. Cette approche nouvelle permettra d’appréhender l’importance des activités anthropiques, et en particulier les effets des énergies marines renouvelables, à travers la composante bruit sous-marin dans l’évolution de l’écosystème.

Quel est l’intérêt pour Quiet Oceans de participer à ce projet ?

Bien souvent, nous travaillons sur des projets individuels. Le projet de recherche DRACCAR-MMERMAID nous offre l’opportunité de nous intégrer dans l’étude des effets cumulés à l’échelle de toute une façade maritime. Il nous permet également de contribuer à la prise en compte d’un nouveau facteur, celui du bruit sous-marin, dans l’évaluation écologique de la Manche, ce qui est assez novateur. Par ailleurs, du fait du croisement des disciplines, le projet permet de s’enrichir mutuellement entre partenaires en découvrant les thématiques et les instruments des uns et des autres.

Crédit photo : France Energies Marines

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