Poissons et requins

Poissons et requins

Poissons, requins et EMR : rencontre sous l’océan

La R&D pour répondre aux questionnements d’ordre écologique et économique

Le développement des EMR génère des craintes quant à leurs potentiels impacts sur l’environnement marin, et notamment sur les requins et poissons. En effet, l’ichtyofaune est une composante majeure de l’écosystème et la pêche est une activité importante dans les régions maritimes côtières. Les projets d’implantation de parcs EMR soulèvent donc des questionnements d’ordre écologique et économique. Les animaux vont-ils fuir définitivement la zone après installation des machines ? La modification d’habitat a-t-elle un impact négatif sur la ressource halieutique et plus globalement sur l’écosystème ? Dans quelles proportions les énergies marines renouvelables ont-elles des effets sur les requins et poissons ? Toutes ces interrogations légitimes nécessitent, pour avoir une réponse objective, une approche scientifique. C’est pourquoi France Energies Marines, ses membres et partenaires mènent des recherches mutualisées sur cette thématique.

Les systèmes EMR : de nouveaux habitats naturellement attrayants pour les poissons

Les éoliennes offshores peuvent être considérées comme des Dispositifs de Concentration des Poissons (DCP) et il faut s’attendre à un nombre important d’individus de certaines espèces, notamment sous les flotteurs. La présence en mer de nouvelles structures solides représente également de nouveaux habitats. Les câbles, pieux et flotteurs vont ainsi être rapidement colonisés par des algues et des organismes invertébrés vivant fixés, qui sont à la base des réseaux trophiques marins. Les parcs éoliens vont par conséquent attirer d’autres espèces, principalement des poissons de haut niveau trophique, venant se nourrir sur les structures. Cette création de nouveaux habitats, combinée à l’effet DCP, va entrainer au sein des parcs offshores une augmentation des biomasses et de la richesse spécifique sur l’ensemble de la colonne d’eau, ainsi que l’apparition de nouveaux réseaux trophiques. Il faut donc s’attendre à une meilleure résilience des communautés de poissons lorsqu’elles sont soumises à une autre pression d’origine anthropique ou environnementale. France Energies Marines mène plusieurs études, en collaboration avec ses partenaires, pour comprendre comment et dans quelle proportion les fermes éoliennes peuvent modifier les communautés marines (Projets TROPHIK, APPEAL et WINDSERV). Ces travaux portent sur la modélisation des futurs réseaux trophiques, en prenant en compte des paramètres comme la zone d’implantation ou le type de parc.

Le lancement récent de DRACCAR, la première plateforme française de recherche en mer dédiée à l’éolien offshore couplée à un programme de R&D innovant, va permettre d’améliorer la compréhension des interactions entre l’éolien en mer et l’environnement, d’optimiser le dimensionnement des éoliennes et de co-construire un réseau d’observation pérenne des façades maritimes.

L’effet réserve des parcs EMR et ses possibles bénéfices pour la pêche

Pour des questions de sécurité, les parcs éoliens devraient être, en partie ou totalement, interdits aux activités de pêche. L’augmentation de la biomasse des poissons induite par cette interdiction est nommée effet réserve. Au bout de quelques années d’exploitation du parc, un seuil devrait être atteint et une partie des individus va sortir de la zone protégée. Ce phénomène est appelé débordement ou spill-over. En modélisant ces deux types d’effets, France Energies Marines et ses partenaires ont pour objectif d’identifier les possibles bénéfices de l’implantation d’un parc EMR pour les activités de pêche (Projets TROPHIK, APPEAL et WINDSERV). Plusieurs scénarios sont testés afin de mesurer les conséquences précises de l’interdiction de différentes pratiques (ex : chalut de fond, chalut pélagique, drague, filets…) sur différentes périodes de l’année. La taille des parcs, le nombre d’éoliennes, la limitation potentielle de la pêche ainsi que les effets du changement climatique sont intégrés dans les modèles développés. Cela permet d’anticiper les changements en termes de structure des communautés de poissons et les répercussions qu’ils pourraient avoir sur les activités humaines. Ces travaux visent également à estimer dans quelle mesure les parcs éoliens peuvent permettre à la France d’atteindre les objectifs inscrits dans la Convention sur la diversité biologique.

La caractérisation du fonctionnement écologique d’habitats particuliers

Les projets EMR se développent dans des environnements offshores qui sont parfois peu connus car les conditions d’accès limitent le nombre d’études scientifiques visant à mieux comprendre la structure et le fonctionnement de ces écosystèmes. Par exemple, plusieurs projets de parcs éoliens offshores en France et dans d’autres pays prévoient un déploiement de machines dans des zones où se forment des dunes hydrauliques. Les dunes hydrauliques sont des ensembles sédimentaires complexes, présents à l’échelle du globe, qui abritent une faune adaptée à des conditions extrêmes et présentant des fonctions uniques. Elles constituent l’habitat de petits poissons fourrage (les lançons notamment) qui sont des proies pour les niveaux trophiques supérieurs (oiseaux marins, poissons carnivores) et endossent donc un rôle important dans le fonctionnement des écosystèmes marins. Dans le cadre des activités de France Energies Marines, les scientifiques cherchent à mieux connaître les communautés d’organismes vivant dans ces environnements particuliers : méiofaune, macro-invertébrés benthiques, zooplancton, ichtyofaune (Projet DUNES). Ces différents groupes sont suivis lors de campagnes océanographiques. Les populations de poissons et le zooplancton sont caractérisées (diversité spécifique, abondance) et plusieurs paramètres individuels sont mesurés (longueur totale, régime alimentaire, âge). Ces connaissances permettront de modéliser les effets potentiels de l’installation de parcs EMR dans ces écosystèmes particuliers.

Crédit photo : Thomas Pavy

Projets

En cours

FISHOWF

Stratégies de suivi pour identifier et évaluer les effets des parcs éoliens offshores et de leurs raccordements sur les peuplements de poissons

Terminé

FISH INTEL

Identification des déplacements et des habitats préférentiels de plusieurs espèces marines d’importance grâce à un réseau de télémétrie acoustique trans-Manche

En cours

DRACCAR

Première plateforme française de recherche en mer dédiée à l’éolien offshore couplée à un programme de R&D innovant

Terminé

APPEAL

Approche socio-écosystémique de l’impact des parcs éoliens flottants

Terminé

TROPHIK

Modélisation du rôle des éoliennes offshore dans la modification du fonctionnement des réseaux trophiques côtiers et dans le cumul d’impacts

Terminé

WINDSERV

Vers une approche multi-modèle des indicateurs de services écosystémiques

Terminé

ECOSYSM-EOF

Préfiguration d’un observatoire des écosystèmes marins du Golfe du Lion en interaction avec les parcs éoliens offshore flottants

Terminé

DUNES

Dynamique des dunes hydrauliques et impact sur les projets EMR

Médiathèque

Vidéos

Interlocuteurs

Lydie Couturier

Lydie Couturier

Chargée de recherche sur les interactions entre les écosystèmes marins et les EMR

News

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